Conférence sur Saint Martin de Laives vendredi 4 décembre à Laives à 20 heures (salle de la mairie).

Laives (Saône-et-Loire) : sondages et relevés à l’église Saint-Martin-du-Haut

Isolée sur sa butte dominant la plaine de Saône à moins de 20 km au sud de Chalon, l’église Saint-Martin-du-Haut à Laives (Saône-et-Loire), classée Monument Historique, pouvait être considérée comme l’une des plus anciennes églises romanes du sud de la Bourgogne, grâce à la datation dendrochronologique de son clocher, effectuée à l’occasion de travaux de restauration dans les années 1990. En revanche, le dossier documentaire restait bien maigre à son sujet : d’après des recherches anciennes, la première mention écrite daterait de 894, mais il faudrait attendre 1112 pour relever une allusion au « Mont-Saint-Martin », puis 1142 pour identifier ce site comme possession bâtie de l’abbaye Saint-Pierre de Chalon. Un chapelain puis un prieur y sont cités au cours du XIIIe s. ; les moines auraient abandonné les lieux au XVe s. L’église est en tout cas demeurée paroissiale jusqu’à son remplacement par un nouvel édifice construit au pied de la butte dans le village de Laives, en 1833 ; les dernières tombes du cimetière du mont dateraient de 1836.
Les sondages archéologiques d’octobre 2014 précédaient des travaux d’assainissement projetés sur le pourtour extérieur de la nef, concernant ses seuls côtés sud, nord et ouest. Malgré le caractère limité de cette intervention, ses données renouvellent notre vision du site. Le vestige le plus ancien mis au jour est une arase de maçonnerie d’orientation rigoureusement est-ouest, détruite avant la construction de l’église actuelle : elle paraît s’inscrire dans le haut Moyen Âge, entre les VIIe/VIIIe et Xe s. Par ailleurs, la datation de l’église actuelle dans son état d’origine s’est trouvée précisée grâce à l’analyse par le radiocarbone d’une tombe serrée contre son mur méridional, et donc postérieure à celui-ci : par recoupement avec les données dendrochronologiques, on peut maintenant situer sa construction entre 1010 et 1019. Aussi les échantillons de relevés pierre à pierre effectués en parties basses de plusieurs murs apportent-ils des références particulièrement bien datées pour caractériser les modes de construction de cette période. Après cette date et ces premières inhumations, le dégagement d’un sol empierré sur le flanc sud de la nef, et sa mise en relation avec certaines particularités des élévations, portent à s’interroger sur la répartition des fonctions entre les deux côtés de l’église, quand son flanc nord a livré les indices d’un cimetière densément occupé au cours du Moyen Âge. Quelques tombes s’installent à nouveau au sud à partir du XIVe ou du XVe s., probables témoins de l’extension du cimetière paroissial.
À l’ouest en revanche, l’arase d’un mur épais appuyé contre la façade du début du XIe s., à la perpendiculaire de celle-ci, laisse supposer l’existence d’un porche de bonne largeur, peut-être attesté sur un document de 1733, lui-même antérieur à des travaux de la seconde moitié du XVIIIe s. ayant conduit à sa destruction. Il a ensuite été remplacé par un porche plus petit, attesté en 1833 et démoli au cours du XIXe s., dont les traces ont été également reconnues. C’est du XVIIIe s. aussi que date, du côté sud, la construction d’un bâtiment ayant servi de sacristie et de « chambre de repos pour le curé », également détruit au XIXe s., mais qui a laissé des traces en élévation, et dont le sondage a retrouvé soubassements et sols intérieurs. Devant son entrée ont été découverts les fragments de trois statues enfouies au ras de la cour, très vraisemblablement à la Révolution. Deux d’entre elles, en pierre, sont des représentants dignes d’attention de la grande sculpture bourguignonne du XVe s. La troisième, en terre cuite, a été brisée en mille morceaux : l’un deux est gravé de la date de 1782.






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